
dont swim tonight
my love
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"Go back to those gold dreams"
Alors bien sûr, on ne peut pas nier ni renier nos origines, nos influences, le fait que Stephen Malkmus de Pavement soit un demi-Dieu pour la plupart des CAFE BIZARRE ; on ne peut pas non plus ne pas voir une sorte d’hommage aux Pixies dans les changements rythmiques et les chœurs à la fin de I see a green Light, le premier titre de ce nouvel album. Et bien sûr on ne peut nier que la fin des 80s et le début des 90s est notre madeleine de Proust, notre drogue anti-déprime, et là où se cachent nos souvenirs musicaux les plus présents, là où nous jouons au CBGB's, là où nous arpentons Alphabet City, là où tout est (ou était) encore possible.
Même si on a laissé 3 ans entre les 2 albums, ces 7 chansons ne sont pas arrivées d’un coup, elles sont nées, comme souvent, du hasard de certaines répétitions plus ou moins chaotiques, et, pour beaucoup du cerveau de Gilles, de sa volonté de ne jamais tomber dans la facilité mélodique tout en tentant de garder une sorte d’évidence. Et puis, le hasard fait le reste, une erreur nous paraît intéressante, elle s’intègre et se dissout dans l’ensemble.
Sur Beautiful Losers (dont le titre d’ailleurs est repris/inspiré de Leonard Cohen), on a, je pense, une dizaine de versions différentes… C’était devenu obsessionnel, cette idée d’orfèvrerie pop, tout en tentant d’éviter la facilité couplet/refrain/couplet/refrain, en soignant les dissonances et les enchaînements invisibles sans être faciles, et garder ce chant, devant, un peu Smiths-ien, par moment, sans tomber dans la caricature ou la copie…
...Finalement le processus de fabrication de l’album a pris corps quand on a commencé à avoir une version à peu près aboutie de don’t swim tonight my love, sans qu’on réussisse à aller en deçà des 6 minutes. Et plus on l’écoutait, plus on se disait que le format tenait plutôt bien, que ça ne paraissait pas si long, ces 6’, que ça pouvait être central, et que ça donnerait sa tonalité mid-tempo mélancolique à l’ensemble (et que donc, on y était, on abandonnait les format court de 2’30’’ en tempo rapide, l’âge sûrement, les temps plus durs, certainement). Et c’est finalement cette envie de produire quelque chose de différent qui a pris le dessus, avec ces guitares qui se répondent, cette longue progression vers un refrain plus évident, et cette voix, qui reprend un peu des paroles perdues du Velvet Underground (« here comes the man, waiting for the waves, in the deep ocean, in the deep sea, in the deep blue ») et qui prie son amour (perdue ; sûrement) de ne pas aller nager ce soir, suivi de ce solo qui se noie dans les bruits de la mer, à la fin.
On my side aurait très bien pu intégrer l’album CAFE BIZARRE de 2017 si nous avions pu caler l’enregistrement de la batterie dans une des sessions faites à ce moment-là. Faute de temps, ça ne s’est pas fait et, au bout du compte, cette chanson, à mi-chemin entre le Velvet et la Surf Music (certains y entendent les Strokes) s’est glissé sur le nouvel album.
Il faut dire qu’on a réglé le problème des enregistrements de batterie de manière assez radicale puisque, cette fois, tout a été reprogrammé, sur la base de nos enregistrements de répétition. Et contrairement à l’album précédent, on a beaucoup plus travaillé les arrangements de guitare, ce titre sonnant d’ailleurs différemment ici qu’en live par exemple, où il faudrait à minima un 3ème guitariste pour le faire sonner comme sur l’album !
Losing my time et Because of you sont des morceaux qui, pour le coup, ont des structures plus simples, avec des guitares très 90s, une voix assez présente pour trouver sa place au centre de tout ça, tout en laissant les guitares tracer le chemin sur les refrains, dans une sorte de rêverie post-adolescente où la mélancolie affleure dans les larsens et distorsions.
Et à la fin de tout ça, on a un morceau, Soft Power, qui s'est longtemps appelé « untitled », composé initialement dans les années 90 et qui, étrangement, n’a pas eu de chant (en plus de ne pas avoir de titre !) dans sa première version, un morceau laissé sur le côté pendant plus de 20 ans donc, et qui revient avec une batterie martiale pour débuter et finir l’album. Soft Power, comme le dernier pouvoir encore convaincant, celui qui doit laisser le choix (à l’auditeur surement…) de retourner sur la face A et remettre le diamant sur le premier microsillon du disque, ou à défaut, un stream de plus, et une petite vingtaine de minutes d’attention !
MERCI POUR VOTRE ECOUTE